Un spray nasal d’anticorps protège les souris d’une grippe mortelle

Des chercheurs ont mis au point un anticorps monoclonal de nouvelle génération capable de neutraliser efficacement des souches mortelles de la grippe A. Cette avancée repose sur la combinaison inédite d’une précision ciblée propre aux anticorps matures et d’une capacité de liaison étendue typique des premières lignes de défense immunitaire. Administré par voie nasale, cet anticorps offre une protection renforcée en recouvrant les muqueuses respiratoires, créant une barrière immédiate contre l’infection. Grâce à une structure innovante basée sur l’isotype IgM, connu pour sa forme pentamérique et ses multiples bras, cette molécule surpasse les performances des anticorps IgG traditionnels. L’approche a démontré une efficacité remarquable chez la souris contre les virus H1N1 et H3N2, ouvrant la voie à des applications contre les pandémies futures — voire à d’autres maladies infectieuses ou non virales.

À retenir :

  • Un anticorps monoclonal IgM administré par spray nasal protège les souris contre des souches mortelles de grippe A
  • La molécule combine la précision des anticorps matures et la polyvalence des anticorps de première ligne
  • Une seule dose a permis une protection durable de sept jours dans les voies respiratoires

Une nouvelle approche de l’immunité contre la grippe

L’équipe de recherche a conçu un anticorps monoclonal capable d’intercepter le virus avant qu’il n’entre dans les cellules hôtes. Cette stratégie repose sur une architecture moléculaire qui exploite les atouts des anticorps IgM et IgG.

  • Structure IgM pentamérique : Grâce à sa forme à plusieurs bras, l’anticorps peut se fixer à de nombreuses cibles à la fois, rendant l’évasion virale plus difficile.
  • Précision ciblée : La molécule est conçue pour reconnaître un point précis de la protéine HA du virus, minimisant les risques de contournement immunitaire.
  • Administration nasale : Le spray positionne les anticorps directement sur les muqueuses, première barrière d’entrée du virus.

Cette combinaison rend la molécule particulièrement performante pour bloquer l’infection dès son initiation.

Un mécanisme renforcé contre les mutations virales

Les virus comme la grippe A évoluent rapidement, modifiant leur surface pour échapper au système immunitaire. L’anticorps développé vise à contrer cette stratégie d’adaptation.

Les anticorps IgG classiques ciblent une zone spécifique du virus mais perdent en efficacité lorsque cette zone subit des mutations. En revanche, le nouvel anticorps IgM, avec ses multiples sites de liaison, peut continuer à neutraliser le virus même après des modifications de la protéine HA.

  • Multivalence : Le caractère multi-bras de l’IgM permet une fixation plus robuste, rendant difficile l’échappement viral.
  • Surface recouverte : Sa grande taille couvre une large portion du virus, bloquant l’accès aux récepteurs cellulaires.

Ce mécanisme de défense renforce la capacité de l’anticorps à offrir une protection croisée contre différentes souches et mutations.

Des résultats prometteurs chez l’animal

Des tests ont été réalisés sur des souris pour évaluer l’efficacité de cette nouvelle thérapie. Les résultats indiquent une protection robuste contre deux types majeurs de grippe A : H1N1 et H3N2.

Une seule dose administrée par spray nasal a permis de recouvrir les muqueuses respiratoires des animaux. Cette couche d’anticorps a empêché le virus d’infecter les cellules, réduisant ainsi l’impact de l’infection.

  • Aucune souris exposée au H3N2 n’a développé de symptômes
  • La majorité des souris infectées par H1N1 ont survécu et récupéré
  • Les anticorps sont restés actifs pendant sept jours sur les muqueuses

Ces observations suggèrent une efficacité prolongée qui pourrait, chez l’humain, se traduire par une protection hebdomadaire avec une seule administration.

Vers de nouvelles applications thérapeutiques

Au-delà de la grippe saisonnière, les chercheurs envisagent des extensions de cette technologie à d’autres virus et même à certaines pathologies non virales.

Les caractéristiques de cet anticorps IgM en font une plateforme adaptable à des pathogènes variés. En renforçant la reconnaissance de régions mutées ou atypiques, cette approche pourrait s’avérer utile face à des menaces émergentes.

  1. Grippe aviaire : La technologie pourrait cibler des variantes de type H5, hautement pathogènes.
  2. Autres virus respiratoires : L’efficacité muqueuse du spray nasal ouvre des pistes contre des infections similaires.
  3. Cancers : Les propriétés de liaison étendues intéressent également la recherche en oncologie.

L’étude a été menée par une équipe de scientifiques de plusieurs institutions américaines, avec le soutien financier d’organismes de recherche publics et privés.

Ce travail marque une avancée vers des traitements préventifs plus efficaces et durables contre des virus évolutifs comme la grippe A. Grâce à cette innovation, la médecine se dote d’un outil prometteur pour renforcer l’immunité respiratoire à la source même de l’infection.

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