Lait végétal : pourquoi il peut mettre votre santé en danger sans fortification en iode

La popularité croissante des boissons végétales au Royaume-Uni transforme les habitudes alimentaires, notamment chez les jeunes adultes. Toutefois, cette transition soulève des inquiétudes quant à l’apport en iode, un micronutriment fondamental pour la santé, en particulier chez les jeunes femmes. Une étude publiée récemment examine si les laits végétaux, souvent perçus comme des alternatives équivalentes au lait de vache, offrent le même niveau de cet élément essentiel. Les résultats révèlent des lacunes importantes, notamment en matière de fortification, qui pourraient avoir des conséquences durables sur la santé publique.

À retenir :

  • Les laits végétaux non fortifiés contiennent très peu d’iode comparés au lait de vache
  • 21 % des femmes en âge de procréer au Royaume-Uni présentent une carence en iode
  • Une supplémentation ou une fortification standardisée est nécessaire pour éviter des risques de santé

Une transition alimentaire aux implications nutritionnelles

La consommation de lait de vache a fortement diminué au Royaume-Uni depuis quarante ans, au profit de boissons à base de plantes comme le soja, l’avoine ou les amandes. Cette évolution est souvent motivée par des préoccupations environnementales, éthiques et sanitaires.

  • Les jeunes femmes figurent parmi les principales consommatrices de laits végétaux, ce qui fait d’elles une population particulièrement exposée aux carences en micronutriments essentiels tels que l’iode.
  • Malgré la perception d’un bénéfice pour la santé ou la planète, ces substituts ne sont pas toujours équivalents sur le plan nutritionnel.
  • Une consommation exclusive de laits végétaux non enrichis pourrait affecter les générations futures via une transmission de carences pendant la grossesse.

Un élément indispensable au bon fonctionnement de l’organisme

L’iode joue un rôle déterminant dans la production des hormones thyroïdiennes, indispensables au développement du système nerveux et au métabolisme général.

Une carence en iode peut entraîner :

  • Des troubles thyroïdiens comme l’hypothyroïdie ou le goitre
  • Des anomalies congénitales et des retards de développement cérébral chez les enfants
  • Une baisse des capacités cognitives et scolaires chez les enfants nés de mères carencées même légèrement

Une surconsommation d’iode est plus rare, mais peut provoquer des troubles thyroïdiens inverses comme l’hyperthyroïdie.

Des recommandations différenciées selon les pays

Les recommandations d’apport en iode varient selon les organismes de santé, notamment entre l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les autorités britanniques.

  • L’OMS préconise 150 µg par jour pour les adolescents et adultes, et 250 µg pendant la grossesse et l’allaitement
  • Au Royaume-Uni, les apports recommandés ne sont pas augmentés pendant la grossesse, ce qui peut s’avérer insuffisant si l’alimentation est pauvre en iode depuis plusieurs années
  • Dans les pays où le sel n’est pas iodé de manière systématique, des compléments sont conseillés aux femmes en âge de procréer

Un état nutritionnel préoccupant chez les jeunes femmes

Les données nationales confirment une insuffisance d’apport en iode chez une partie significative de la population britannique, en particulier chez les adolescentes et les jeunes femmes.

Quelques chiffres clés :

  • En 2011, les filles âgées de 11 à 18 ans atteignaient seulement 65 % de l’apport recommandé
  • Le rapport NDNS 2018/19 indique qu’environ 21 % des femmes en âge de procréer présentent une carence avérée
  • La baisse de consommation de produits laitiers et de fruits de mer, souvent remplacés par des aliments végétaux, est une cause identifiée

Le risque dépend en grande partie de la nature du remplacement : partiel ou total. Les végétaliens qui ne prennent aucun complément présentent un risque plus élevé.

Des sources d’iode limitées et inégalement disponibles

Au Royaume-Uni, l’absence d’obligation d’iodisation du sel complique l’accès à une source fiable d’iode pour les personnes excluant les produits animaux.

Les principales sources alimentaires d’iode sont :

  1. Produits laitiers comme le lait, le fromage et le yaourt
  2. Fruits de mer, en particulier les poissons blancs et gras
  3. Œufs

Un verre de 200 ml de lait de vache apporte environ 85 µg d’iode. À l’inverse, un lait végétal non enrichi ne couvre que 2 % de ce besoin. Environ 45 % des 16-34 ans consomment des laits végétaux, ce qui renforce le besoin d’une vigilance accrue sur leur composition.

Des laits végétaux souvent non enrichis

Bien que la fortification des boissons végétales se développe, elle reste inégale. En 2020, seuls 20 % des produits disponibles étaient enrichis en iode.

Points à retenir :

  • Les produits fortifiés contiennent entre 43 % et 150 % de la teneur en iode du lait de vache
  • La majorité se situent autour de 50 %
  • Un risque de carence existe si ces produits sont consommés en remplacement exclusif du lait animal

Le niveau d’enrichissement n’est pas toujours indiqué clairement, ce qui complique les choix des consommateurs. La proportion d’aliments riches en iode dans l’ensemble du régime influence aussi le risque.

Des recommandations nutritionnelles incomplètes

Les guides alimentaires britanniques ne prennent pas suffisamment en compte la question de l’iode lorsqu’ils recommandent les laits végétaux comme substituts aux produits laitiers.

  • Le UK Eatwell Guide et les directives de la British Dietetic Association insistent sur la fortification en calcium, mais négligent l’iode
  • Cette omission peut induire en erreur les consommateurs, qui pensent consommer un produit équivalent
  • Des modèles alimentaires tels que celui de la Commission Eat-Lancet n’intègrent pas de recommandations spécifiques sur l’iode, bien qu’il soit indispensable

Selon les choix alimentaires, l’apport en iode peut varier de 6 % à 196 % des besoins quotidiens, ce qui démontre l’irrégularité actuelle de l’apport.

Une démarche de fortification à encadrer

Les simulations montrent que remplacer les produits laitiers par des boissons végétales, même enrichies, peut entraîner des déficits nutritionnels si le niveau de fortification n’est pas standardisé.

Éléments à considérer :

  • Un enrichissement à hauteur de 27,4 µg/100 g serait nécessaire pour maintenir un apport suffisant
  • Une fortification trop élevée pourrait exposer les jeunes enfants à un excès, dont les effets sont encore peu documentés
  • Il convient d’assurer une bonne biodisponibilité de l’iode ajouté et une homogénéité dans sa répartition

Les consommateurs doivent être informés clairement et orientés vers des produits enrichis ou des compléments adaptés (sels de potassium iodés plutôt que les algues, dont la teneur est variable).

Le remplacement du lait animal ne doit pas se limiter à une logique de durabilité. Tenir compte de la qualité nutritionnelle réelle est une nécessité pour préserver la santé publique à long terme.

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